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6 janvier 2009 2 06 /01 /janvier /2009 11:39

Les Entretiens de Valois ont été ouverts en février 2008 par le ministère de la Culture en réponse à la demande des professions du spectacle d'un Grenelle de la Culture, exprimée à l'automne 2007. Les syndicats des employeurs et les syndicats des salariés souhaitaient en effet obtenir des mesures concrètes, pouvant être traduites par des dispositifs législatifs, règmementaires et surtout des mesures de financement. Particulièrement, le milieu du spectacle souhaitait le dépôt d'une loi de programmation en faveur du spectacle vivant. Les Entretiens de Valois vont être conclus le 15 janvier 2009.

Il devient de plus en plus clair que cet espace de discussion - utile tant des réformes sont souhaitables - est bridé de fait par les objectifs de Bercy et du ministre du Budget Eric Woerth, sous les ordres de Matignon et de l'Elysée : réduire les budgets, faire des économies. Tout en affirmant le maintien des dotations existantes, le ministère ne dispose d'aucune marge de manoeuvre, et de fait tout le monde constate les réductions et le gel budgétaire de 5%... Les Entretiens vont faire pschitt....

La formule Entretiens est une formule prudente qui ouvre des échanges sans s'engager sur la forme qui peut résulter de ces échanges en matière de décisions. En novembre 2007, le monde du spectacle vivant était en pleine effervescence sur le thème de la réduction réelle ou supposée des subventions accordées par le ministère de la Culture dans le cadre du budget 2008. Plusieurs voix - dont celle de la Fédération nationale des employeurs du spectacle vivant public et privé (Feps) - s'étaient alors élevées pour réclamer un Grenelle de la culture. Un rassemblement unitaire a été organisé à Paris le 19 novembre, tandis qu'une douzaine d'associations adressaient une lettre ouverte au chef de l'Etat. A défaut d'un Grenelle, la ministre de la Culture et de la Communication a finalement acté l'idée d'une grande concertation nationale rassemblant tous les acteurs concernés : syndicats d'employeurs (Syndéac, Synavi/Syndicat national des arts vivants, Fédération nationale des employeurs du spectacle, syndicat des directeurs de théâtre privé de Paris/SDTPP, Union fédérale d'intervention des structures culturelles/UFISC, etc.), syndicats de salariés (Fédération CGT Spectacle, CFDT Spectacle, etc.), représentants des collectivités territoriales, organisations professionnelles, associations, sociétés de droits d'auteur SACD, etc... 

Les thèmes traités sont les suivants :

1- L’observation et la connaissance du spectacle vivant
De nombreuses sources d’information, de chiffres, mais il manque de référentiels communs, fiables et partagés dans la connaissance des publics, les analyses de la diffusion, l’économie du spectacle, les populations d'emploi. Il ne s’agit pas de créer un nouveau dispositif, mais de faire en sorte de mieux partager les outils existants.

2- Production et diffusion
La question de l’articulation entre la production et la diffusion est centrale dans l’économie du spectacle vivant. La diffusion insuffisante des oeuvres est un réel problème : c’est un problème pour le public à qui on ne donne pas le temps de la rencontre avec l’oeuvre ; c’est un problème pour l’économie du spectacle vivant qui fragilise les artistes. C’est un problème pour les structures qui privilégient l’événement au détriment de l’accompagnement des artistes.

3- Les labels
Les labels, dont certains remontent aux premiers temps de la décentralisation culturelle (centres dramatiques nationaux) traduisent à la fois un projet artistique, un mode de reconnaissance et des modalités de partenariat et de financement. Ils se sont développés et étendus à des champs nouveaux. Mais on voit bien aujourd’hui qu’ils ne reflètent pas complètement la réalité des structures qui en bénéficient, notamment en ce qui concerne la production et la diffusion. Ils ne reflètent pas non plus complètement la réalité de la vie artistique, qui fait la place aux musiques actuelles, au cirque, aux arts de la rue ou à des formes pluridisciplinaires. Enfin, ils ne reflètent pas toujours la réalité des partenariats.

Cette question complexe implique tous les acteurs, mais qui ne saurait couvrir la totalité du champ partenarial et des relations entre l’Etat, les autres collectivités publiques et les acteurs artistiques. Cette réflexion est tout à fait complémentaire de celle sur les politiques partenariales et la contractualisation.

4- Les politiques partenariales et la contractualisation
Sur la base d’un diagnostic partagé, qu’il faut déterminer, définir la contractualisation, les engagements réciproques, les objectifs communs et les rôles spécifiques de chacun des partenaires Etat et Collectivités territoriales. Les missions de service public du spectacle vivant doivent être définies dans ce cadre. Notamment pour ce qui est des engagements dans le domaine de l’éducation artistique et culturelle, de ceux qui doivent être tenus en faveur des territoires et des publics défavorisés et éloignés de l’offre culturelle, aux démarches territoriales attendues par les partenaires. Une progression est nécessaire dans la définition d’objectifs qualitatifs et quantitatifs partagés, de principes de bonne gouvernance et enfin de critères d’évaluation identifiés. Il faut probablement pouvoir définir un cadre national, mais conserver aussi une certaine flexibilité, pour tenir compte de la situation propre à chaque territoire, à chaque projet et à chaque structure.

5- La dimension européenne

Dans le domaine culturel, les frontières n’ont jamais vraiment existé. C’est encore plus vrai aujourd’hui : il est frappant de voir à quel point les oeuvres circulent, sont surtitrées, traduites ; le public est de plus en plus curieux et ouvert à la diversité culturelle. Aussi une meilleure prise en compte de cette dimension est essentielle.

Parmi les préconisations esquissées dans un rapport d'étape  en juillet 2008:

- Créer une instance de concertation permanente entre État, collectivités et professionnels au plan régional ;
-Coordonner et faire converger les dispositifs de soutien public entre les différentes tutelles ;
- Imaginer un fond de soutien aux projets de création alimenté par diverses sources (taxe, mécénat, crédits publics...) ;
- Redéfinir les critères d’un cahier des charges correspondant à un label national en prenant compte de l’équilibre des disciplines ;
- Lancer une révision générale des labels attribués par l’État ;
- Créer une catégorie d’entreprise artistique d’intérêt général qui aurait, seules, accès aux subventions ;
- Constituer un réseau de bureaux du spectacle vivant à l’étranger ;
- Créer une plateforme de coordination de la ressource d’information statistique.

 

Au cours de ces Entretiens et suite à ce premier rapport d'étape, un certain nombre d'acteurs ont quitté la table de discussion : les syndicats de salariés, Synavi, ensuite le Syndéac, le  la Feps (Fédération nationale des employeurs du spectacle vivant public et privé) et l’Ufisc (Union fédérale d’intervention des structures culturelles) en désaccord avec ce qui se dessinait dans ces discussions.

Le point essentiel de désacoord est celui des budgets. 

Le  Synavi motivait son départ ainsi en juin 2008 :

"Nous partons parce que le Grenelle de la culture que nous demandions, avec l’ensemble des organisations d’employeurs du spectacle vivant en décembre 2007, s’est réduit en entretiens, en un simple espace de dialogue et boîte à propositions. Toute la profession voulait un espace de concertation et d’évaluation permettant d’ouvrir des négociations, non seulement à l’ensemble des acteurs concernés, mais aussi à d’autres ministères très directement impliqués - tels ceux de l’Éducation nationale, de l’Emploi, de la Santé, de la Ville, du Budget et des Finances -, à d’autres secteurs comme l’éducation populaire, les hôpitaux, la recherche.

Nous partons parce qu’il n’est pas possible de dialoguer dans la confiance quand l’État annonce comme priorités la transmission des savoirs, la démocratisation de la culture, la création artistique et, dans un même mouvement, réduit brutalement les financements qui permettent de réaliser ces objectifs, jetant nombre d’artistes dans l’impossibilité de continuer leur métier, nombre de projets et d’actions dans la réduction de leurs ambitions, voire leur arrêt complet.

Nous partons parce que, pour l’année 2008, est maintenu un gel sur les subventions aux compagnies conventionnées par les DRAC, ainsi que des réductions drastiques sur toutes les aides aux projets de création."


La conclusion des entretiens devait intervenir en décembre 2008 sous forme d'un Rapport. Suite à la demande des employeurs et des collectivités territoriales, le ministère de la Culture a reporté au 15 janvier  la clôture des Entretiens de Valois  et la publication du rapport.

Dans une lettre adressée au ministère, la Feps (Fédération nationale des employeurs du spectacle vivant public et privé) et l’Ufisc (Union fédérale d’intervention des structures culturelles) avaient demandé "instamment " le report en janvier 2009 de la clôture des Entretiens de Valois. Les deux fédérations, qui contrairement au Syndeac et au Synavi sont revenus autour de la table de discussion, prévenaient que cette requête constituait "une ultime tentative pour (leurs) organisations de (s’)inscrire dans la continuité de la démarche constructive et de dialogue dans laquelle elles se sont engagées".


Les fédérations et collectivités qui participent aux entretiens n’avaient en effet reçu le projet de rapport final (275 pages) que le 10 décembre, ce qui ne leur permettaient pas de travailler "dans les conditions d’un dialogue sérieux et de haut niveau".

La dernière séance plénière des Entretiens de Valois est donc reportée à la mi-janvier, ce qui constituera la fin du dialogue et de la réflexion commune et le début de la phase de propositions.


Le Syndéac qui n'est pas revenu à la table de discussionappelle à la mise en place d'un Plan de relance avec doublement du budget actuel de la culture pour atteindre 1% du PIB.

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