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13 décembre 2008 6 13 /12 /décembre /2008 09:03
Personne ne sera épargné ?
Voici quelques pistes du scénario qui est en train de se tramer parmi les partenaires sociaux.

Geoffroy Roux de Bezieux, à la tête de l’UNEDIC pour le Medef (et PDG de Virgin mobile) a donné le ton à propos des intermittents du spectacle, en visant particulièrement les techniciens de l’annexe 8 : "Mais qu’est que c’est que cette annexe où l’on indemnise des maçons !!", on se croirait en 2003, lorsqu’on parlait des électros ou des coiffeurs qui n’avaient rien à faire avec les artistes et la Culture...


Au sujet de "la" culture, Alain Lecanu (CGC) semble avoir été promu porte parole du patronat. Lors d’une récente réunion à l’Unedic, il déclare que l’État devait prendre ses responsabilités avec les intermittents... Cela sous-entend bien évidemment que ce n’est pas ou plus le problème de l’UNEDIC ni de la solidarité (inter)professionnelle.

La tendance qui se profile en matière d’intermittence est claire :

-  Fin de l’annexe 8, filière unique pour tout le monde ?
-  Pour les artistes (annexe 10), on parle d’une caisse professionnelle ...

Gautier-Sauvagnac (MEDEF) en avait rêvé, Chérèque (CFDT) le propose : il s’agit d’instaurer une équivalence stricte entre durée d’affiliation et durée d’indemnisation : 6 mois travaillés avec cotisation donneraient droit à 6 mois d’allocation chômage...


Leur logique est encore et toujours de restreindre les droits. Ainsi pour les plus de 50 ans, il est tout simplement question de sabrer 1 an de droits, en dégringolant de 36 mois d’indemnités potentiels à 24 mois maximum.


Voilà comment ils plantent le décor de la "simplification des filières", conformément aux vues du Président de la République, indiquées lors de son discours sur l’emploi à Rethel, le 28 octobre dernier.


Le calendrier des réunions de "négociation" à l’UNEDIC : 25 novembre, 9 décembre, 16 décembre ; ils veulent les boucler le 23 décembre pour l’ensemble du régime d’assurance-chômage puis régler le sort des intermittents du spectacle dans la foulée.


Malgré la hausse du chômage, malgré les milliards avec lesquels on arrose banques et entreprises, chiffres et propagande contre les intermittents et autres profiteurs vont sans doute surgir classiquement de toute part, histoire de préparer le terrain par un travail de sape mettant en cause les pauvres droits existants.


Par contre, les données sur les bénéficiaires de l’AFT (allocation de fonds transitoire) restent au frigo ; nul besoin de dons divinatoires pour savoir que par rapport aux 40 000 rattrapés par le fonds provisoire puis transitoire, la chute est considérable...

L’épuration est faite.
Rappelons que l’allocation transitoire s’arrête au 1er janvier 2009. Il n’y aura donc plus aucun filet de rattrapage !


Et pour beaucoup ce sera la condition de travailleurs pauvres, avec ou sans RSA. Du RSA à l’offre "raisonnable" d’emploi, on nous prépare de mauvais jours. Nous n’avons d’autre choix que de nous défendre. La coordination appelle intermittents, précaires, chômeurs et salariés en tous genres à la mobilisation :


-  Samedi 6 décembre : Manifestation unitaire pour les droits des chômeurs et précaires à Paris RDV à 14h30, Place Stalingrad en direction de Place Clichy


-  Jeudi 11 décembre à 13h30, 14e chambre, Tribunal correctionnel, Palais de justice, M° Cité, pour le procès intenté par la CFDT, suite à la visite de son siège en 2005. La CFDT veut une jurisprudence contre les occupations, relaxe pour nos camarades !


-  Mardi 16 décembre : Rassemblement interprofessionnel devant le siège du MEDEF, avenue Bosquet, à l’appel notamment de la fédération CGT spectacle. Une manifestation pour rejoindre ce rassemblement est prévue.


Source : Coordination des intermittents et précaires d'Ile-de-France
http://www.cip-idf.org/


 
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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 09:31

L'UDS met en ligne sur son Blog le dossier d'information relatif aux nouvelles dispositions concernant les annexes 8 et 10. 

Ce dossier d'information des ASSEDIC comprend les liens nécessaires pour obtenir plus d'information


 

  • Les nouvelles dispositions concernant les annexes 8 et 10 sont entrées en vigueur depuis le 1er avril 2007.


Ce nouveau dispositif global se met en place pour l’indemnisation du chômage et l’aide sociale et professionnelle des artistes et techniciens intermittents du spectacle en recherche d’emploi.
Désormais, le système d’indemnisation fait appel à une triple solidarité :
   - la solidarité interprofessionnelle avec le maintien des annexes 8 et 10 de l’Assurance chômage,
   - la solidarité nationale avec la mise en place d’un Fonds de professionnalisation et de solidarité financé par l’Etat,
   - la solidarité professionnelle dans le cadre des négociations collectives.
Les nouvelles règles relatives aux annexes 8 et 10 s'appliquent à toute admission ou réadmission au titre d’une fin de contrat de travail intervenant à compter du 1er avril 2007.

Avec le nouveau dispositif, l'indemnisation devient proportionnelle à la fois à la rémunération et au nombre d'heures travaillées selon des spécificités propres à chacune des deux annexes. Ce nouveau mode de calcul est une mesure nécessaire pour résoudre certaines inégalités notamment la prise en compte des plus bas salaires mais aussi pour en finir avec la sous déclaration des heures travaillées.

 

 

  • Vous êtes artiste, ouvrier, technicien des entreprises du spectacle, de la production du cinéma, de l’audiovisuel, de la radio et de la diffusion.

Vous êtes considéré comme intermittent du spectacle relevant des annexes 8 et 10 de l’Assurance chômage si vous êtes : 


   * artiste du spectacle engagé par contrat à durée déterminée 
   * ouvrier ou technicien engagé par contrat à durée déterminée :
      - employé par une entreprise dont l’activité est répertoriée (voir la rubrique "Ouvriers et techniciens : secteur d'activité de l'employeur et fonctions occupées").
      - occupant des fonctions figurant sur la liste officielle.

 

>> Télécharger la liste officielle

Pour bénéficier de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) dans le cadre des nouvelles annexes 8 et 10 de l’Assurance chômage, vous devez remplir les conditions d’affiliation à l’Assurance chômage à savoir : avoir travaillé 507 heures dans les 10 mois (pour les techniciens) ou 10 mois et demi (pour les artistes).

 

 

  • En cas de réadmission, le nouveau dispositif prévoit que la période de recherche puisse, si nécessaire, être allongée pour rechercher le volume d’heures requis pour l’ouverture du droit. Vous devez en conséquence dans le cadre d’une réadmission justifier :

    > Pour l'annexe 8 : de 507 heures d’activité dans les 10 mois précédant la fin du contrat de travail ou à défaut sur une période supérieure à 10 mois précédant la fin du contrat de travail, sur la base de 507 plus 50h par mois à compter du 11ème mois.

    > Pour l'annexe 10 : de 507 heures d’activité dans les 10 mois et demi précédant la fin du contrat de travail ou à défaut sur une période supérieure aux 10 mois et demi précédant la fin du contrat de travail, sur la base de 507 plus 48h par mois à compter du 11ème mois.

  Sont prises en compte pour le calcul des heures travaillées :

> Les heures effectuées au cours des 319 jours précédant la fin du contrat de travail pour les artistes ou 304 jours pour les ouvriers et techniciens (dans ce cas, le calcul du temps travaillé doit s'effectuer exclusivement en heures sauf pour les réalisateurs rémunérés au forfait ou au cachet).
> Les heures effectuées en qualité d'artiste, d'ouvrier ou de technicien du spectacle.
>
Les rémunérations au cachet des artistes et réalisateurs :
- à raison de 8 heures par jour pour les cachets « groupés », c'est-à-dire couvrant une période d'au moins 5 jours continus effectués pour le compte d'un même employeur.
- à raison de 12 heures par jour dans les autres cas. Le nombre de cachets est alors limité à 28 par mois.

 Sont également pris en compte dans la recherche des 507 heures :

> Les congés de maternité ainsi que les congés d'adoption situés entre deux contrats qui sont assimilés à du travail.
> Les accidents du travail se prolongeant après le contrat de travail.
> Les périodes de formation non rémunérées par l'Assurance chômage, dans la limite de
338 heures.
> Pour les artistes, les heures d'enseignement dispensées dans le cadre d'un contrat de travail établi par un établissement d'enseignement, dans la limite de 55 heures et de 90 heures pour les allocataires de l’annexe 10 de plus de 50 ans.

Pour en savoir plus sur les annexes 8 et 10,

>> consultez la notice d’information

 

Vous êtes ouvrier ou technicien du spectacle ? Vous pouvez vérifier que le libellé de votre métier figurant sur votre attestation employeur mensuelle (AEM) est bien répertorié sur la liste officielle.
>> Télécharger la liste officielle

 

  • Si vous ne remplissez pas certaines des conditions d’indemnisation au titre des annexes 8 et 10, l’allocation du Fonds de professionalisation et de solidarité peut prendre le relais.

    Actualisation mensuelle et paiement des allocations
  • Vous devez déclarer chaque mois votre activité en conservant vos justificatifs. Il n’est plus nécessaire de nous adresser vos exemplaires d’attestations employeur mensuelles (AEM) ou de déclarations uniques et simplifiées Guso lors de votre actualisation mensuelle. Nous vous invitons à conserver ces documents. Aujourd’hui, la seule comparaison entre les salaires déclarés et justifiés par votre employeur et votre déclaration mensuelle de situation permet à l’Assédic d’établir vos droits et de déclencher votre paiement.

  Avec le service Unidialog, vous pouvez déclarer chaque mois votre situation en ligne.
Il n’est donc plus nécessaire de nous retourner la déclaration papier.
Avec ce service, vous pouvez également :
> obtenir les attestations dont vous avez besoin
> effectuer vos changements de situation
> consulter à tout moment et en toute simplicité votre dossier en ligne.

Pour accéder à ces services, vous devez vous munir de votre numéro d’identifiant et de votre code personnel.
N’oubliez pas de déclarer chaque mois votre situation dès l’ouverture de l’actualisation (Voir le tableau ci-dessous).

Dates de l’ouverture de l’actualisation sur assedic.fr


Allocations du mois

Ouverture de l'actualisation

janvier 2008

30/01/2008

février 2008

28/02/2008

mars 2008

28/03/2008

avril 2008

29/04/2008

mai 2008

29/05/2008

juin 2008

27/06/2008

juillet 2008

30/07/2008

août 2008

28/08/2008

septembre 2008

27/09/2008

octobre 2008

30/10/2008

novembre 2008

27/11/2008

décembre 2008

30/12/2008


 

  • Si vous avez travaillé au cours du mois, vous devez indiquer pour chaque période de travail au cours de ce mois :
    > le nom de l’employeur ou sa raison sociale (information facultative)
    > la période d’emploi (date de début et date de fin de la période du contrat ou une seule date)
    > le nombre d’heures travaillées et de cachets réalisés ou le nombre d’heures travaillées ou de cachets réalisés
    > les rémunérations brutes après déduction des frais professionnels éventuels.

    Ces informations sont obligatoires pour que vos allocations puissent être payées par l’Assédic sur la base des déclarations portées sur votre Déclaration de situation mensuelle (DSM) et après réception des justificatifs de votre employeur.

    Nous vous rappelons que l’absence de déclaration d’un travail au cours d’un mois entraîne : le remboursement des allocations indûment perçues, la réduction de la durée d’indemnisation équivalant au mois entier, la non-prise en compte de ce travail pour l’ouverture d’une nouvelle période d’indemnisation. En cas de réclamation ou lors du réexamen, votre Assédic reste la seule interlocutrice.

http://demandeur-emploi.assedic.fr/info-de/article/43/539/intermittent-du-spectacle

 

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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 12:18

2003 – 1er janvier : Rapprochement de deux groupes de protection sociale professionnels, IPS Bellini Gutenberg (professionnels de la presse, des médias et de la communication),  et le GRISS (spectacle et audiovisuel), pour créer Audiens. Champ de compétence de cet organisme : la retraite, la prévoyance, la santé, l’action sociale, l’épargne, conseil et accompagnement social, gestion pour le compte de tiers, prévention santé, 1% logement.

 

2003 -  25 février : Grève générale du spectacle, du cinéma et de l’audiovisuel. 5000 à 10 000 grévistes à Paris.

 

2003 - 26 juin : Signature par le MEDEF, l’UPA, la CGPME et trois centrales syndicales, la CFDT, la CFTC et la CGC d’un Protocole d’accord relatif au régime d’assurance chômage des professionnels intermittents du cinéma, de l’audiovisuel, de la diffusion et du spectacle : les artistes devront être payés 507h sur une période de 10 mois, les techniciens sur 10 mois et demi, pour accéder à leur 8 mois d’indemnisation.

La CGT dénonce ces signatures minoritaires. Le MEDEF met en avant la responsabilité des grandes organisations patronales et syndicales dans la gestion paritaire de la solidarité interprofessionnelle.

 

2003 - juillet : Suite à la signature de l’accord, un important mouvement social dans le secteur entraîne l’annulation des grands festivals d’été (Montpellier Danse, Aix-en-Provence, Avignon, Francofolies à La Rochelle)

 

2003 - 8 juillet : Signature d’un avenant à l’accord du 26 juin : 507h sur 12 mois en 2003, sur 11 mois en 2004, 10 mois (Techniciens) et 10 mois et demi (Artistes) en 2005.

 

2003 - 7 août : Parution au Journal Officiel des Arrêtés d’agrément du protocole d’accord du 26 juin et de l’avenant n°1 signés par le Ministre des Affaires sociales.

 

2003  - 13 Novembre : Nouvelle signature du protocole d’accord du 26 juin.

 

2003 - 14 novembre : Décret n° 2003-1096 modifiant le décret n° 93-724 du 29 mars 1993 relatif au Conseil national des professions du spectacle. Ce décret abroge la Conseil national de la scénographie.

 

2003 - 14 Décembre : Parution au Journal Officiel des Arrêtés d’agrément du protocole d’accord du 13 Novembre.

 

2003 - 31 décembre : Entrée en vigueur des annexes 8 et 10 aux règlements annexés aux conventions du 1er Janvier 2001 et 2004 relatives à l’aide au retour à l’emploi et à l’indemnisation du chômage.

 

2004 – 1er Janvier : Parution de l’ordonnance rendant obligatoire le Guichet unique du spectacle occasionnel (GUSO) et étendant le champ d’application aux non professionnels.

 

2004 – avril : Rapport de Bernard Latarjet « Pour un débat national sur l'avenir du spectacle vivant ».

 

2004 - juillet : Rapport de Jacques Charpillon sur l’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle

 

2005 - 20 octobre : Nouveau rapport sur l’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle remis par Jean-Paul Guillot, économiste, au ministre de la culture et de la communication. Dans la suite des Rapports Latarjet et Charpillon, l’objectif de ce rapport est de faire la synthèse des propositions des partenaires sociaux pour permettre la mise en place d’un nouveau système d’indemnisation au 1er janvier 2006.

 

Le rapport préconise notamment de réduire le nombre des conventions collectives relatives à l’emploi culturel de 20 à 8 et de redéfinir précisément dans ce cadre les conditions du recours à l’intermittence, les employeurs étant notamment incités à allonger la durée des contrats de travail. L’Etat se réserverait le droit de se faire rembourser ses subventions dans le cas où les « normes sociales et bonnes pratiques de l’emploi » ne seraient pas respectées. Le nouveau protocole devrait être plus lisible que celui résultant de la réforme mise en place en 2003 et devrait être « applicable le plus simplement possible ». Le rapport insiste sur le fait que l’indemnisation chômage ne peut pas être utilisée comme un complément de revenu mais seulement être un revenu de remplacement en cas de chômage.

 

Ces propositions sont formulées avant la renégociation globale des conventions Unedic qui doit débuter le 8 novembre 2005

 

2006 - 18 avril : Rédaction d'un nouveau Protocole d’accord relatif au régime d’assurance chômage des professionnels intermittents du cinéma, de l’audiovisuel, de la diffusion et du spectacle. Ce protocole reprend dans ses grandes lignes la réforme controversée de 2003. Le texte conserve en effet la période de référence qui donne accès à l'allocation chômage: 507 heures de travail en 10 mois pour les techniciens et en 10 mois et demi pour les artistes. Avant 2003, les intermittents devaient avoir effectué leurs 507 heures sur une période plus longue de 12 mois, et leurs droits étaient revus périodiquement, à une date-anniversaire fixe.

 

La CFDT ne signe pas ce nouveau protocole d’accord. Elle ne souhaite pas porter seule, comme en 2003, cet accord sans que certaines exigences soient satisfaites. Le syndicat pose quatre conditions à sa signature:

1) La création d’un fonds de professionnalisation et de solidarité financé par l’Etat.

2) La restructuration des conventions collectives (au nombre de 42) et leur réduction à 8 catégories qui fixent clairement le recours à l’intermittence.

3) La lutte contre la fraude et l’emploi abusif d’intermittents.

4) Le régime d’assurance chômage des intermittents ne doit pas être régi par une loi mais par le contrat social.

 

2006 - 21 décembre : Signature du Protocole du 18 avril 2006 par la CFDT, la CFTC et la CGC. La CFDT estime avoir obtenu des réponses positives à ses quatre conditions. Non signataire, la CGT estime que cette signature est «honteuse» et dénonce une nouvelle fois une signature par des organisations et des syndicats minoritaires dans le spectacle vivant.

 

Le changement introduit dans le nouveau texte est que désormais, la période de référence pour le calcul des droits pourra excéder 10 mois/10 mois et demi. Mais pour cela, l'intermittent devra avoir effectué au moins 50 heures de travail (pour les techniciens) ou 48 heures (pour les artistes) durant chaque mois supplémentaire pris en compte.

 

2007- février : Nouvelles conclusions et recommandations de la Cour des Comptes sur la gestion du régime d'indemnisation des intermittents du spectacle (Extraits du rapport annuel de février 2007)

 

« Le régime d'assurance chômage des intermittents apporte au financement du spectacle et de l'audiovisuel, dans des conditions peu transparentes, une contribution déterminante. Ce régime met ainsi en cause des problématiques qui dépassent le seul cadre de l'indemnisation du chômage et renvoient à la fois au mode de financement de l'activité culturelle dans notre pays et à la structure économique du secteur du spectacle et de l'audiovisuel et aux règles d'aide régissant l'emploi dans ces secteurs. Dans ces conditions, la Cour ne peut que recommander aux autorités responsables de l'Etat et aux partenaires sociaux de poursuivre, au-delà de l'accord auquel ces derniers sont parvenus le 21 décembre 2006, une réflexion d'ensemble sur ce sujet. D'autre part, la juridiction formule les quelques recommandations particulières ci-après.

 

Concernant la transparence du régime :

 

Afin de poursuivre la démarche engagée tendant à une meilleure responsabilisation des acteurs ainsi qu'au développement d'un débat public informé sur la question de l'intermittence, il est nécessaire d'améliorer les conditions dans lesquelles les données financières concernant le fonctionnement du régime d'indemnisation sont rendues accessibles. Ceci suppose de :

 

- faire établir par les ministères concernés, avec l'appui de l'UNEDIC, un rapport annuel public retraçant l'évolution des principales caractéristiques de l'emploi et de l'indemnisation des intermittents (ressources des salariés, contribution des employeurs, ressources et charges du régime, contribution de l'État, etc.) ;

 

- créer et rendre accessible une base de données tenue par l'UNEDIC, dont l'objet serait de dresser pour chaque employeur un compte faisant apparaître les cotisations versées ainsi que les dépenses correspondantes d'indemnisation des salariés ayant travaillé pour cet employeur (ces dépenses étant calculées au prorata des heures travaillées pour l'employeur concerné par rapport au total des heures déclarées par le salarié).

 

Concernant les annexes 8 et 10 :

 

La Cour est amenée à rappeler certaines des orientations qu'elle avait suggérées lors de sa précédente intervention de 2003 et à les augmenter de pistes nouvelles tendant à :

 

- redéfinir de façon plus stricte le champ d'application des annexes 8 et 10 ;

 

- revoir les conditions dans lesquelles les employeurs peuvent avoir recours à l'emploi intermittent et notamment au CDD d'usage ;

 

- poursuivre la démarche engagée de différenciation du traitement des bénéficiaires des annexes 8 et 10, notamment de la formule de calcul de leurs indemnités, afin de mieux tenir compte des conditions d'emploi respectives de ces deux catégories de salariés ;

 

- responsabiliser davantage les employeurs en rendant leurs taux de cotisation variables en fonction du nombre de journées d'indemnisation induites par chacun d'entre eux ; cette mesure aurait pour avantage de lutter contre d'éventuels comportements de collusion entre salariés et employeurs en rendant coûteux pour ces derniers un recours abusif à des emplois intermittents, comme cela est notamment le cas dans le cadre de la « permittence » ;

 

- intensifier les efforts de lutte contre la fraude, en développant le dispositif actuellement en cours de mise en place et en développant les échanges d'informations avec les organismes tiers, y compris les sociétés de droits d'auteurs.

 

Concernant enfin le fonds transitoire :

 

- mettre fin aussi rapidement que possible à la situation provisoire qui prévaut depuis plus de deux ans et qui s'est accompagnée de conditions de gestion inadaptées

 

- un fonds pérennisé devrait être doté de structures permettant un pilotage satisfaisant, notamment en identifiant clairement les responsabilités respectives des différentes administrations concernées par sa gestion.»

 

 

2007- 1er avril : Mise en place d’un nouveau dispositif global pour l’indemnisation du chômage et l’aide sociale et professionnelle des artistes et techniciens intermittents du spectacle en recherche d’emploi.

 

En complément d’un système d’indemnisation, un Fonds de professionnalisation et de solidarité est créé. Ce dispositif conjugue et articule la solidarité professionnelle, interprofessionnelle et la solidarité nationale au bénéfice de ceux dont les métiers et les pratiques d’emploi justifient un soutien adapté, suite à des difficultés dans leur parcours professionnel.

 

De fait, ce Fonds financé par l’Etat prend en compte la situation des artistes ou techniciens du spectacle qui ne peuvent être indemnisés selon les règles de l'Assurance chômage.

 

Le Fonds peut mobiliser et financer :

-          une Allocation de professionnalisation et de solidarité (APS) de même montant et de même durée que l’Allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) versée au titre des annexes 8 et 10. Cette allocation pourra être versée pendant 3 mois.

-          une Allocation transitoire (pour 2008) ou une Allocation de fin de droits (AFD) (à partir de 2009) pour les artistes et techniciens qui ne peuvent bénéficier de l'Allocation de solidarité spécifique (ASS). La durée de versement de cette allocation sera modulable en fonction de l’ancienneté. Son versement sera accompagné d'un soutien professionnel adapté.

 

Le Fonds va permettre également de prendre en compte des heures de formation et de comptabiliser du travail effectif. Les personnes ayant été longuement ou gravement malades pourront aussi faire valoir certaines heures pour être indemnisées.

 

2007- 4 mai : Un Numéro d’Objet sera attribué à l’employeur pour toute nouvelle activité relevant des annexes 8 ou 10 à compter du 1er avril 2008. Il s’agit d’un outil de contrôle de la part de l’UNEDIC. Les employeurs ne pourront pas légalement recourir au contrat d’usage à durée déterminée (cachet) tant qu’ils n’auront pas reçu leur numéro d’objet. Ce numéro est porté par l’employeur sur l’Attestation Employeur Mensuel, les contrats de travail ou les bulletins de paie des artistes et techniciens concernés par cette activité.

 

L’UNEDIC et les organisations professionnelles compétentes ont établi une liste de codes NAF (Nomenclatures d’Activités Françaises)  ainsi que les modalités de mise en œuvre de ce dispositif. A partir de 2008, l’employeur sera pénalisé en cas d’absence du numéro d’objet sur un spectacle.

 

Le code NAF 90.02 Z concerne les Activités de soutien au spectacle vivant et détention du label « prestataire de services du spectacle vivant »

 

Le code NAF 90.01 Z concerne les Activités  des Arts du spectacle vivant.

 

Le cinéma est classé dans les codes NAF 59 et la télévision dans les codes NAF 60

 

Cette disposition a pour finalité de mettre en œuvre le contrôle du périmètre de recours à l’intermittence.

 

2008-13 février : Loi n° 2008-126 du 13 février relative à la réforme de l'organisation du service public de l'emploi prévoit la fusion, au 1er janvier 2009, des ASSEDIC et de l'agence nationale pour l'emploi (ANPE) dans un nouvel organisme dont le nom a été dévoilé le 16 octobre 2008 : Pôle Emploi.

 

2008 -1er avril : Application du numéro d’objet attribué à l’employeur pour toute nouvelle activité (nouvelle production, nouveau spectacle, …) relevant des annexes 8 ou 10. Une fois ce numéro attribué et notifié à l’employeur, tous les salariés embauchés dans le cadre de ce même spectacle ou production devront être gérés sous ce numéro d’objet. Ce numéro est accordé par employeur et par spectacle au fur et à mesure des demandes. Ce numéro est destiné à permettre une identification susceptible de contrôler la légitimité du recours à l’intermittence.

 
à suivre....

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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 12:16

1992 : Nouvelle année de renégociation des annexes 8 et 10. Début d’un processus  de débat, de négociation, de prorogation, de contestation qui va culminer en 2003.

 

1992 - juillet : La mobilisation des intermittents entraîne l’annulation de certaines représentations du Festival d’Avignon. Jean- Pierre Vincent, metteur en scène, est nommé médiateur par le gouvernement et remet un rapport de mission « sur la situation des intermittents du spectacle ». Dans le même temps, au Ministère du Travail, Jean Marimbert rend sa « note d’étape sur les conditions de travail et d’emploi des intermittents du spectacle ».

 

Un constat de Marimbert mérite d’être souligné relativement à la position de la Commission de Bruxelles qui a attaqué  la France sur « la présomption de salariat » des artistes de spectacle: « La dynamique d’intégration communautaire voudrait diluer l’originalité du système français par exemple en faisant reculer la notion de salariat au profit d’une conception tournée vers l’exercice libéral de l’activité artistique ».

 

1992 - décembre : Création de la Commission Paritaire Nationale Emploi et Formation du Spectacle Vivant (CPNEF-SV). Cette Commission est en charge de donner son avis en matière de nomenclatures d’emploi et en matière de formation professionnelle.

 

1993 - 10 février : Jack Lang et Martine Aubry présentent « 22 mesures pour améliorer les conditions de travail et d’emploi des professionnels intermittents du spectacle ».

 

1993- 26 mars : Arrêté portant création du Conseil national de la scénographie (CNS) chargé de développer et de promouvoir la sécurité, sous toutes ses formes, dans le domaine du spectacle vivant. La scénographie s’entend, au sens du présent arrêté, de l’ensemble des missions qui concourent à la mise en état du lieu choisi pour la représentation d’un spectacle. Cette création fait suite notamment à l’accident survenu en 1992 à Séville (effondrement d’une passerelle qui a provoqué la mort et les blessures handicapantes de choristes). Le CNS publiera en 2001 un « Mémento de la sécurité dans le spectacle vivant »  édité par le  ministère de la culture et la CRAM Ile-de-France.

 

1993 - 29 mars : Institution d’un Conseil national des professions du spectacle (CNPS).

 

1996 - (début) : Nouvelle négociation des annexes 8 et 10. Les règles d’indemnisation du régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle doivent être renégociées avant le 31 décembre 1996.

 

1996 - juillet : Rapport final du Contrat d’Etudes Prospectives Spectacle Vivant.

 

1996 - automne : Nouveau conflit social, avec nombreuses manifestations, dont l’occupation de la Cité de la musique et autres lieux publics, pour assurer le maintien du régime des intermittents.

 

1996 - décembre : Suspension des négociations sur l’assurance chômage. Nomination d’un médiateur, M. Pierre Cabanes, Conseiller d’Etat.

 

1997 - 10 mars : Le Rapport Cabanes préconise la mise en place d’une commission mixte paritaire avec 4 objectifs précis :

 

1) la définition des conditions dans lesquelles il peut être fait appel aux contrats à durée déterminée dits « d’usage » ;

2) la généralisation d’un guichet unique pour les organisateurs occasionnels de spectacles vivants  (GUSO);

3) la modification de la loi relative au fonctionnement des entreprises de spectacles vivants ;

4) la signature d’une convention nationale de partenariat pour la lutte contre le travail illégal.

 

1997 - avril : Prorogation du régime d’assurance chômage des intermittents (annexes 8 et 10 du régime de l’UNEDIC) jusqu’en décembre 1998.

 

1997 - 21 mai : Signature d’une convention nationale de partenariat de lutte contre le travail clandestin dans le secteur du spectacle.

 

1998 - 12 octobre : Accord sectoriel interbranche encadrant le recours au contrat à durée déterminée dans le spectacle vivant, le cinéma et l’audiovisuel.

 

1999 - 20 janvier : Modification et prorogation des annexes 8 et 10 jusqu’au 31 décembre 1999

 

1999 - 18 mars : Loi no 99-198 modifiant l’ordonnance de 1945 relative au spectacle. La principale modification est d’une part  la suppression de la classification et de la hiérarchisation des genres de spectacle, et d’autre part la redéfinition des catégories d’entrepreneur de spectacle. La protection des salles de spectacle contre la destruction est maintenue.

 

« Art. 1er-1. - Est entrepreneur de spectacles vivants toute personne qui exerce une activité d'exploitation de lieux de spectacles, de production ou de diffusion de spectacles, seul ou dans le cadre de contrats conclus avec d'autres entrepreneurs de spectacles vivants, quel que soit le mode de gestion, public ou privé, à but lucratif ou non, de ces activités.

 

« Les entrepreneurs de spectacles vivants sont classés en trois catégories :

 

« 1° Les exploitants de lieux de spectacles aménagés pour les représentations publiques ;

 

« 2° Les producteurs de spectacles ou entrepreneurs de tournées, qui ont la responsabilité d'un spectacle et notamment celle d'employeur à l'égard du plateau artistique ;

 

« 3° Les diffuseurs de spectacles qui ont la charge, dans le cadre d'un contrat, de l'accueil du public, de la billetterie et de la sécurité des spectacles, et les entrepreneurs de tournées qui n'ont pas la responsabilité d'employeur à l'égard du plateau artistique.

 

« Art. 1er-2. - Sous réserve des dispositions du premier alinéa de l'article 4, les entreprises de spectacles vivants peuvent être subventionnées par l'Etat, les collectivités territoriales et leurs groupements et établissements publics dans le cadre de conventions. »

 

1999 - novembre : Mise en place du guichet unique du spectacle occasionnel (GUSO).

 

2000 - 15 juin : Signature d’un accord interprofessionnel (réactualisé en juin 2001) avec la  FESAC, Fédération des Employeurs du Spectacle, de l’Audiovisuel et du Cinéma, branche spectacle du MEDEF sur la réforme du dispositif d’assurance chômage des intermittents du spectacle. Le FESAC revient sur son accord en 2001.

 

2001 – 1er janvier : Entrée en vigueur de la nouvelle convention d’assurance chômage UNEDIC. Celle-ci instaure le Plan d’aide au retour à l’emploi (PARE) obligeant les chômeurs à accepter des formations pour se reclasser suivant les besoins des entreprises locales. Le PARE oblige à accepter n’importe quel emploi (le 3° refus d’emploi proposé conduit à la suppression des allocations chômage). Les bénéficiaires des annexes 8 et 10 sont exclus de ce nouveau dispositif.

 

2001-31 juillet : Fin de l’ancien protocole. Le MEDEF ne veut pas ouvrir de nouvelles négociations. Les intermittents du spectacle sont sans statut. Vide juridique.

 

2002 - 21 février : Après des mois de vide juridique consécutif à l’entrée en vigueur de la nouvelle convention d’assurance chômage UNEDIC, le Groupe  socialiste fait voter au Parlement une Loi  (l’article unique de cette loi d’Etat est paru au Journal Officiel n° 55 du 6 mars 2002) qui proroge le régime spécifique des intermittents tant qu’un nouveau protocole n’est pas signé entre les partenaires sociaux et ratifié par le gouvernement. Le MEDEF refuse d’ouvrir des négociations

 

2002- décembre : Remise aux ministres de la culture et des affaires sociales du Rapport de Jean Roigt inspecteur général des affaires sociales et René Klein inspecteur général des affaires culturelles, relatif au régime et proposant une réforme de l’intermittence tout en maintenant ce régime spécifique. Ce rapport fait suite à un rapport de la Cour des Comptes qui stigmatise le déséquilibre financier du régime de l’intermittence faisant porter la régulation du secteur du spectacle et de l’audiovisuel sur la solidarité interprofessionnelle.

 

La Cour des comptes met en avant le déficit constaté de l'UNEDIC. Ce déficit  est imputé par le MEDEF aux régimes spéciaux.  Ce déficit imputable aux annexes 8 et 10 serait de 738 millions d’euros en 2002, de  887 millions d'euros en 2003 et de 962 millions d'euros en 2004. Ces chiffes et leur imputation donnent lieu à de fortes contestations.  Ces chiffres sont problématiques car ils n'incluent pas les cotisations des salariés permanents de structures culturelles, ni même les cotisations des salariés non allocataires. Ils  ne mentionnent pas, non plus, l'excédent des caisses de retraite.

 

2003 – 1er janvier : Rapprochement de deux groupes de protection sociale professionnels, IPS Bellini Gutenberg (professionnels de la presse, des médias et de la communication),  et le GRISS (spectacle et audiovisuel), pour créer Audiens. Champ de compétence de cet organisme : la retraite, la prévoyance, la santé, l’action sociale, l’épargne, conseil et accompagnement social, gestion pour le compte de tiers, prévention santé, 1% logement.

 

2003 -  25 février : Grève générale du spectacle, du cinéma et de l’audiovisuel. 5000 à 10 000 grévistes à Paris.

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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 12:12

1936 : Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, souligne que les artistes sont « des travailleurs utiles à la société », prélude à la mise au point d’un régime spécial. Création sous le Front populaire d’un régime de « salarié intermittent à employeurs multiples » pour les techniciens et cadres du cinéma. Le cinéma est un nouveau secteur industriel qui connaît un essor fantastique après l’invention du cinéma parlant. En France, le courant du Réalisme poétique marque cette époque, particulièrement dans le domaine du décor de film.

 

1939 : Création de la Caisse des congés spectacles, gestionnaire des congés payés dans le domaine du spectacle.

 

1945 - 13 octobre : Ordonnance n°45-2339 relative aux spectacles. Outre une classification (héritée de Napoléon III) des genres et types de spectacle, cette ordonnance régit les entreprises de spectacle. Elle comporte dans ce sens un article sur les salles de spectacle auquel il convient de prêter attention :

 

« L'édification d'une salle de spectacles est soumise, outre les conditions prévues par les textes en vigueur, à une déclaration spéciale au ministre chargé de la culture ainsi qu'à la préfecture dans les départements et à la préfecture de police à Paris.

 

Aucune salle de spectacles publics spécialement aménagée de façon permanente pour y donner des concerts, des spectacles de variétés ou des représentations d'art dramatique, lyrique ou chorégraphique ne peut recevoir une autre affectation ni être démolie sans que le propriétaire ou l'usager ait obtenu l'autorisation du ministre chargé de la culture.

 

En cas d'infraction aux prescriptions du paragraphe ci-dessus, le propriétaire ou l'usager sera tenu de rétablir les lieux dans leur état antérieur sous peine d'une astreinte prononcée par le tribunal civil à la requête du ministre chargé de la culture; le montant de l'astreinte, sera versé au Trésor. »

 

1958 - 31 décembre : Création du régime d’assurance chômage de l’UNEDIC (Union nationale interprofessionnelle pour l'emploi dans l'industrie et le commerce). L'UNEDIC assure paritairement la responsabilité de la gestion financière du système des assurances chômage. Elle applique la règlementation décidée par les partenaires sociaux, fournit les moyens nécessaires à sa mise en œuvre et coordonne le fonctionnement du réseau des ASSEDIC qu’elle fédère.

 

Les ASSEDIC (Associations pour l'emploi dans l'industrie et le commerce) relèvent de la loi de 1901. Il existe aujourd’hui 30 ASSEDIC en France (métropole et DOM). Chacune est dotée d'un Conseil d'administration paritaire, c'est à dire composé pour une moitié de représentants des salariés (syndicats : CGT, CGT-FO, CFDT, CFTC, CGE-CGC) et pour l'autre moitié de représentants des employeurs (MEDEF, CGPME, UPA).

 

1965 - janvier : Mise en place de l’annexe 8 au régime général d’Assurance chômage de l’UNEDIC. Le troisième avenant à la convention UNEDIC du 31 décembre 1958 prévoit l’extension du champ d’application de cette convention aux personnels des établissements de production cinématographique à partir de cette date.

 

1967 - 13 juillet : Création par l’ordonnance n° 67-578 des ANPE. L'Agence nationale pour l'emploi est un établissement public administratif français placé sous la tutelle du ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi. Les ANPE ont pour objectif de centraliser les offres et les demandes d'emploi, effectuer des statistiques sur le nombre de demandeurs d'emploi et gérer des centres de ressources.

 

Création des premières antennes culture et spectacles de l’ANPE, spécialisées pour l’emploi dans le secteur culturel et le spectacle vivant. Elles tendent à disparaître depuis 2003.

 

1968 - janvier : Adoption de l’annexe 10 au régime général d’Assurance chômage de l’UNEDIC. Entrée en vigueur de l’ordonnance du 13 juillet 1967 qui prévoit l’application du régime d’assurance chômage aux entreprises du spectacle.

 

Les annexes 8 et 10 se distinguent de l’annexe 4 qui concerne les travailleurs intermittents et intérimaires exerçant des métiers non artistiques. Le MEDEF n’aura de cesse en 2003 de ramener le régime des intermittents du spectacle au régime général ou à celui des intérimaires.

 

Le régime d’assurance chômage (et donc ses annexes) est rediscuté par les partenaires sociaux tous les 3 ans.

 

1969 - 26 décembre : Date essentielle. La loi n° 69-1186 relative à la situation juridique des artistes du spectacle et des mannequins instaure la « présomption de salariat » :

« Tout contrat par lequel une personne physique ou morale s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un artiste du spectacle en vue de sa production, est présumé être un contrat de louage de services dès lors que cet artiste n'exerce pas l'activité, objet de ce contrat, dans des conditions impliquant son inscription au registre du commerce.

Cette présomption subsiste quels que soient le mode et le montant de la rémunération, ainsi que la qualification donnée au contrat par les parties. Elle n'est pas non plus déduite par la preuve que l'artiste conserve la liberté d'expression de son art, qu'il est propriétaire de tout ou partie du matériel utilisé ou qu'il emploie lui-même une ou plusieurs personnes pour le seconder, dès lors qu'il participe personnellement au spectacle. 

Sont considérés comme artistes du spectacle, notamment l'artiste lyrique, l'artiste dramatique, l'artiste chorégraphique, l'artiste de variétés, le musicien, le chansonnier, l'artiste de complément, le chef d'orchestre, l'arrangeur-orchestrateur et, pour l'exécution matérielle de sa conception artistique, le metteur en scène. Les artistes-interprètes sont intégrés au régime spécifique d’assurance chômage, bientôt suivis des techniciens du spectacle. »

 

En conséquence, l'article L. 762-1 du code du travail pose une présomption de salariat pour les artistes du spectacle, sauf s'ils exercent leur activité dans des conditions impliquant l’immatriculation au registre du commerce et des sociétés.

 

Cette présomption de salariat s’applique quels que soient la nationalité de l’artiste, le type de spectacle (vivant ou enregistré) et la qualification juridique donnée par les parties au contrat. Cette présomption s’applique également aux enfants qui participent à un spectacle et dont la représentation nécessite une autorisation préalable individuelle délivrée par la préfecture.

 

Les techniciens du spectacle sont également des salariés, sauf s’ils ne sont pas placés dans un lien de subordination juridique permanente et s’ils sont immatriculés en qualité de travailleurs indépendants (article L 120-3 du code du travail). Leur employeur doit donc respecter les mêmes obligations que celles existantes pour l'emploi d'un artiste.

 

En règle générale, la qualité de salarié au regard du droit du travail et de la sécurité sociale des artistes du spectacle intervenant temporairement en France ainsi que des techniciens accompagnant la troupe n'est pas contestée. Le différend peut en revanche porter sur la détermination de leur employeur.

 

1972- 12 septembre : Création de l’AFDAS, Assurance Formation des Activités du Spectacle sous la forme d’une association loi 1901 agréée par l’Etat , gestionnaire des droits à la formation continue dans le spectacle, suite à la loi du 16 juillet 1971 qui instaure en France le dispositif de la formation professionnelle continue. En 2007, 35 000 entreprises cotisantes (hors GUSO) ont permis de collecter 151 millions d'euros de contributions obligatoires des employeurs.   

 

1975 : Création du Groupement des Institutions Sociales du Spectacle GRISS,  mandaté par les Caisses de retraite du spectacle pour gérer les retraites complémentaires des salariés des secteurs du spectacle.  Audiens succède au GRISS en 2003.

 

1985 - 3 juillet : Loi reconnaissant aux artistes interprètes des droits de propriété intellectuelle voisins du droit d’auteur.

 

La question de la reconnaissance de la qualité d’auteur du scénographe sera mise en avant par l’Union des scénographes à partir de 1996.

 

1989 : Défilé La Marseillaise de Jean-Paul Goude. Le développement du secteur audiovisuel et du secteur événementiel accroissent le recours au système de l’intermittence. De 1989 à 1999, le chiffre d’intermittents indemnisés double quasiment. En 2003, ils sont  100 000  pour  300 000 personnes travaillant chaque année dans le spectacle vivant, le cinéma et l’audiovisuel. Le nombre de cadres, ouvriers et techniciens du spectacle passe de 50 000 personnes environ en 1989 à 73 000 personnes en 1999.

 

1992 : Nouvelle année de renégociation des annexes 8 et 10. Début d’un processus  de débat, de négociation, de prorogation, de contestation qui va culminer en 2003.

 

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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 12:07

Il importe de bien connaître le régime de l’intermittence, sans prétendre résumer ici un sujet aussi vaste et aussi complexe.   En préambule, deux observations sont nécessaires pour tenter de débrouiller les fils de cette histoire :

 

Premièrement :


Le régime d’assurance chômage des salariés intermittents du spectacle, salariés à employeurs multiples a été généralisé en France à tout le secteur du spectacle vivant après1965 à partir d’un dispositif spécifique créé en 1936 sous le Front populaire pour les techniciens et cadres du cinéma. Ce régime est quasiment unique en Europe et dans le monde.
Ailleurs, les artistes et techniciens du spectacle rejoignent soit le régime commun des salariés, soit celui des professions libérales indépendantes dépendant de caisses propres.

 

Relevant de la solidarité interprofessionnelle, ce régime particulier est fondé sur les annexes 8 et 10 du régime général d’assurance chômage de l’UNEDIC créé en 1958. L’annexe 8 (établie le 1er janvier 1965)  était initialement applicable aux ouvriers et techniciens de l’édition d’enregistrement sonore, du cinéma et de l’audiovisuel, de la radio et de la diffusion et l’annexe 10 (établie le1er janvier 1968), aux artistes, ouvriers et techniciens du spectacle vivant. Elles ont été progressivement assimilées l'une à l'autre.

 

L’annexe 8 concerne les ouvriers, techniciens et cadres techniques de la production cinématographique et audiovisuelle, du spectacle vivant privé et subventionné. L’annexe 10 concerne les artistes du spectacle, quel que soit l’employeur ; ils peuvent avoir été engagés tant par une entreprise de spectacle (théâtre, music-hall, etc.) que par un employeur occasionnel tel qu’une association, un restaurant, etc.

 

Les scénographes de spectacle ont intégré ce régime à la fin des années 1960, en raison du principe de présomption du salariat et ont été classés dans la catégorie des techniciens. L’UDS demande depuis 1996 que les scénographes de spectacle soient classés dans la catégorie des artistes. De même l’UDS demande que soit reconnue la qualité d’auteur du scénographe indépendamment et sans exclusive de sa qualité de salarié.

 

Ces annexes 8 et 10 ont fait périodiquement l’objet de négociations sociales au sein de l’UNEDIC afin de définir des Protocoles d’accord entre syndicats d’employeurs et syndicats de salariés. On le sait, le régime d’assurance chômage des salariés intermittents du spectacle à employeurs multiples a connu une crise violente en 2003 – annexe 8 et 10 confondues - notamment pour des raisons politiques, financières et démographiques, lors de la discussion puis de la signature d’un nouveau Protocole d’accord. Cette crise est l’aboutissement d’un dérèglement du système perceptible dès 1992.

 

Il est nécessaire d’avoir une vue chronologique sur la constitution de ce régime spécifique de 1936 à aujourd’hui. C’est ce que propose aussi objectivement que possible cette brève histoire chronologique de l'intermittence (1936-2008).

 

On peut dégager trois périodes :

 

1936-1969 : naissance d’un régime spécifique 

1969-1992 : consolidation de l’intermittence

1992-2008 : crise, maintien et restructuration d’un système

 

Deuxièmement :


L’objectif de cette brève histoire est de préciser la situation actuelle. Depuis la crise survenue à l'été 2003, l'Etat a mis en place des dispositifs successifs afin que le régime d'assurance chômage cesse d'être le principal régulateur de l'activité dans le secteur du spectacle. Le  système de protection sociale et de structuration de l’emploi pour les artistes et techniciens du spectacle s'appuie désormais sur une triple solidarité et recouvre trois dispositifs distincts et complémentaires :

 

-          Le premier dispositif maintient le principe de la solidarité interprofessionnelle. Le régime géré par l'Unedic, défini par les annexes 8 et 10 est confirmé. Les partenaires sociaux ont conclu le 21 décembre 2006 un accord qui s'inscrit dans la logique du Protocole d’accord signé en 2003, mais intègre un certain nombre de modifications dans le mode d'évaluation des droits.

 

-          Le second dispositif relève de la solidarité nationale. Il s’agit d’un régime financé par l'Etat, dénommé Fonds de solidarité et de professionnalisation qui est venu s'ajouter à celui de l'assurance chômage à partir de 2004. Ce dispositif a d'abord été organisé sous la forme d'un « fonds spécifique provisoire », puis d'un «fonds transitoire ». Ces fonds successifs, alimentés par des crédits du ministère chargé de l'emploi ont eu pour objet essentiel de maintenir une indemnisation pour les personnes que les nouvelles règles excluaient du bénéfice des annexes 8 et 10. Plus récemment, l'Etat a mis en place un fonds de solidarité et de professionnalisation. Il prend le relais du fonds transitoire, dont les allocations ont continué cependant à être versées aux artistes et aux techniciens qui ont été admis à en bénéficier avant le 1er avril 2007. Il a vocation à être pérennisé.

 

-          Le troisième dispositif relève de la solidarité professionnelle avec les négociations des conventions collectives par les partenaires sociaux du secteur du spectacle vivant ou enregistré (salaires, classification, temps de travail, recours au CDD d’usage, formation professionnelle, etc.).

 

Mais cette question de l’assurance chômage a révélé bien d’autres questions déterminantes, dont on peut suivre les péripéties  dans la chronologie:

 

-          Tout d’abord, ce régime est en lien avec un environnement social du travail et le statut socio-professionnel. Deux grands statuts de travailleurs déterminent cet environnement : le statut de travailleur salarié et le statut de travailleur indépendant. Au sein de ces statuts sociaux, qui présentent chacun des facettes diverses (par exemple pour les salariés, la situation de travail permanent, intermittent ou intérimaire), l’emploi est cadré par des contrats, et défini relativement à des branches d’activité et à des nomenclatures professionnelles d’emploi. On peut observer qu’une question non résolue dans ce domaine est celle du statut de l’artiste et du technicien au service de l’art. On peut observer aussi que le statut de l’artiste de spectacle de façon générale  et du scénographe en particulier oscille dans le monde entre le statut de travailleur salarié (affirmation de la présomption de salariat) et de travailleur indépendant (affirmation de la présomption de prestation de service). Une dernière observation : la reconnaissance de la qualité d’auteur avec les droits pécuniaires qui y sont attachés est inaliénable et non assujettie à un quelconque statut.

 

-          Ce régime de l’intermittence du spectacle a pu être considéré à tort comme un statut social de plein exercice, une sorte de statut intermédiaire entre le statut de travailleur salarié et le statut de travailleur indépendant. L’usage courant dans le milieu des intermittents du qualificatif « free lance » en témoigne, exprimant ainsi une certaine confusion. C’est par ailleurs mettre à contribution à sens unique la solidarité interprofessionnelle.

 

-          Ce régime s’est développé au rythme du développement de l’institution culturelle française relative à des politiques publiques et au principe de la dotation et subvention publique, particulièrement à partir de 1958 avec la création du ministère des affaires culturelles et la relance de la décentralisation dramatique. On sait que le système français relève de ce qui a été dénommé l’exception culturelle française dont une des caractéristiques reprise par la Convention de l’Unesco adoptée en 2005 est d’extraire le secteur de la culture du secteur marchand, pour le placer sous la responsabilité de politiques publiques. Une des perversions du système français a été que le régime d’assurance chômage des entreprises de spectacle a servi de régulateur des politiques publiques. La solidarité interprofessionnelle a été substituée à la responsabilité publique nationale. En clair, l’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle effectuée par la solidarité interprofessionnelle a pallié les insuffisances du financement public. Cela a conduit parfois les intermittents à affirmer que les ASSEDIC étaient de fait des coproducteurs de spectacle. La création du Fonds de solidarité et de professionnalisation tente de remédier à cet état de fait.

 

Il est clair que cette histoire n’est pas achevée. Il est d’autant plus nécessaire d’en suivre le cours.


(Se reporter à l'article développant la chronologie détaillée) 

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